The Fool on the Hill : prédictions 2009

Hello Goodbye

La tendance en ce début d’année me semble être à la frilosité, au gel de toute forme d’investissement. On fait le dos rond pour passer la crise, même quand ses propres indicateurs sont au vert. Par exemple, prenez Google, pour changer 😉 , cette entreprise se porte plutôt bien, et pourtant ça commence à dégraisser : après Lively, c’est au tour de Notebook et plusieurs autres projets de passer à la trappe.

J’en déduis 💡 crise ➡ réduction des coûts, gel de tout investissement ➡ retour aux mauvaises habitudes quick-and-dirty ➡ zéro effort sur la qualité de code.

Il va falloir, avec une réduction du budget, faire aussi bien… or, en informatique non plus il n’y a pas de magie. Les DSI vont devoir continuer à faire évoluer les systèmes, et ça se fera, comme d’habitude, en sacrifiant la qualité. On alimente ainsi une sorte de dette de maintenabilité, on vit d’une certaine manière au détriment des développement futurs. Bref, plus de Flex, moins de GWT, si vous voyez ce que je veux dire : les écrans sexy maintenant, et pour plus tard le développement durable (c-à-d. industrialisé et maintenable).

Lucy in the sky with diamonds

Comment réduire les coûts ? On pourrait penser qu’un élément de réponse est dans ce qu’on appelle le « cloud computing ». Pour résumer le « cloud computing » c’est de faire héberger des applications dans le nuage, vous savez, le reste du monde, le truc que l’on dessine pour figurer internet sur le diagramme qui représente votre réseau :


Rappelez-vous du slogan de Sun à une époque, « The network is the computer ». On est dans la continuité, maintenant « the internet is the computer ».

L’idée sous-jacente est que votre métier n’est (probablement) pas de faire tourner des serveurs. Alors, plutôt que de gérer des salles machines, confiez-les à ceux qui ont 1) le savoir-faire et 2) les économies d’échelle.
Citons le fondateur d’Amazon, Jeff Bezos : « We launched our Web services […]; it’s the equivalent of creating an electric grid, but for computing. Recently, I went to Luxembourg and visited a 300-year-old brewery. It had this gigantic relic of a generator from when it had to make its own electricity. As soon as they could buy off-grid, they did. Making their own electricity didn’t make their beer taste better. It’s the same for running your own data center ». En passant, si vous pensez qu’Amazon est seulement une boutique de vente de livres en ligne, ce n’est plus du tout le cas. Entre autres innovations, Amazon se positionne à travers S3 et EC2 comme un acteur majeur du cloud computing. Disons, qu’au moins cette fois-ci il y a innovation, rappelez-vous de l’affaire du brevet « 1-click » ! 😡

Vous voyez le topo. Tout ceci concerne en premier lieu la réduction de coûts, pas vraiment l’apport de fonctionnalités nouvelles. Autre conséquence d’un gel des investissements, on ne fera pas l’investissement de passer ses applications sur le cloud : c’est une lourde ré-ingénierie, pour l’instant non maîtrisée.

J’ajoute donc 💡 passer sur le cloud demande investissement initial ➡ « le cloud, oui, mais cette année » ➡ désenchantement généralisé et chute du « hype » autour cloud computing. Si j’osais, je dirais sale temps pour le cloud, ha ha 😉 .

Pour toute innovation, il existerait une courbe de ‘hype’ qui serait toujours peu ou prou la même : découverte, attentes déraisonables, désenchantement et finalement compréhension puis productivité. Si vous prenez la courbe publiée par le Gartner de cet été, le cloud computing serait encore avant le « pic d’attentes exagérées ». Et bien ma prédiction est que le cloud va amorcer très vite, dès cette année, la chute des espérances qui se trouve de l’autre côté de l’à pic. L’avenir (proche) est sombre notamment pour Amazon EC2+S3 justement. En effet, ces technos sont un formidable tremplin à startups, en fournissant un réel service d’élimination de la barrière à l’entrée d’une infrastructure web scalable. Les success-stories d’Amazon sont pour beaucoup des startups qui offrent des SaaS sur le web. Malheureusement, en cette période de crise, les startups explosent au décollage. Et les grands comptes gèlent veille et investissement. Amazon risque d’avoir du mal à atteindre son public et se constituer une clientèle. Même constat pour Google Apps Engine.

Bref, y’en a qui vont un peu trop vite en besogne.

Back in the USSR

Retour aux fondamentaux de la première bulle internet. Hé oui, 1998~2000 : « détourner la page d’accueil vers mon portail pour y afficher de la pub ». C’est devenu en 2008~2010 : « détourner les recherches vers mon moteur pour y afficher de la pub ». Exemple qui m’a frappé récemment : afin d’effectuer un dépannage familial à distance j’installe le tout dernier MSN Messenger Live. A ma grande stupéfaction ça me change mon moteur de recherche dans mozilla ! 😯 Sans me demander mon avis, alors que, franchement, ça n’a rien à voir, utiliser un pager et mes recherches internet. C’est un peu comme si je prenais une carte orange et qu’en vertu d’accord RATP-TF1 ma télé se mettait à remplacer mes chaines favorites par TF1 et TF6 ! J’étais furieux : mon ordinateur m’appartient ! 😡 Winamp : pareil, j’installe un logiciel pour écouter de la musique et ça me propose un moteur de recherche winamp.com dans mozilla. Bref, plus ça va plus j’ai l’impression en installant un logiciel d’avoir un invité indélicat qui mets les pieds sur la table, le bordel dans mes affaires bien rangées (par exemple « Mes Documents », vas-y, fais comme chez toi), et fouille dans mes affaires… Il faudra établir une déontologie ou un label indépendant de non-malware sinon bientôt votre navigateur internet ressemblera à ça :

Non, quand une boite ayant pignon sur rue comme Microsoft fait du malware de façon aussi grossière, c’est que quelque chose va très mal quelque part.

💡 Bref, retour aux fondamentaux.

En parlant de Microsoft, lot de consolation pour eux, en vertu de tout ce qui précède, pas besoin de se presser pour sortir son office-en-ligne-concurrent-de-google-docs… c’est pas encore le moment de tuer la poule aux œufs d’or Office…

Et pour finir, 😀 je vous souhaite une bonne année 2009 !

Auteur : Guillaume Rams